035…

À leur grande surprise, lorsque Thierry et Cindy arrivèrent à Jérusalem, ils ne furent plus du tout importunés par les soldats. Ils conservèrent tout de même leur grand capuchon sur leur tête, pour ne pas s’attirer d’ennuis.

— Qu’as-tu l’intention de faire, maintenant ? lança le Naga à sa compagne.

Cindy n’en savait rien, mais elle n’allait certainement pas l’avouer à cet homme toujours si sûr de lui. Pourtant, son ami, le prophète, lui avait demandé de ne plus jamais mentir.

— Je vais trouver un gîte et travailler jusqu’à ce que Cael vienne me chercher.

— Et s’il ne revient jamais par ici ?

— Pourquoi es-tu toujours aussi pessimiste ?

— Je suis réaliste, Cindy. Parles-tu suffisamment la langue pour te débrouiller toute seule ?

— Je parle le français et l’anglais. Je pourrais être guide touristique.

— Que sais-tu de l’histoire de ce pays ? Pourrais-tu nommer les grands monuments et expliquer leur importance biblique ?

— Je vais demander l’aide de l’ambassade canadienne.

— C’est déjà une meilleure idée.

— Toi, qu’est-ce que tu me suggérerais ?

En scandant des phrases à tue-tête, un homme passa au milieu de la rue dont les réparations avaient été interrompues. Thierry le suivit du regard sans cacher son étonnement, puis leva les yeux vers le ciel.

— Qu’est-ce qui lui arrive ? s’inquiéta la jeune femme.

— Un objet va bientôt tomber du ciel…

Le Naga se hâta vers le kiosque d’un marchand de journaux. Il s’empara d’un quotidien et ne put manquer le titre en lettres majuscules.

— Ne me dis pas que tu lis l’hébreu en plus de le parler ? le piqua Cindy.

— L’envie n’a pas sa place en ce monde, murmura-t-il.

— C’est ce que dit le journal ?

Il secoua la tête pour dire non. Exaspérée, la jeune femme demanda au vendeur s’il avait un journal en français. Il lui répondit en hébreu.

— Quoi ?

— Il dit qu’il ne comprend rien de ce que tu lui racontes, traduisit le Naga.

— As-tu vraiment besoin de m’humilier pour me prouver que tu as raison ?

— Je n’ai rien fait de tel.

Thierry redéposa le journal et s’adressa au marchand dans sa langue, irritant davantage Cindy. Les deux hommes conversèrent pendant un moment, puis le Naga soupira avec découragement.

— Un météorite va frapper la Terre, lui apprit-il finalement.

— Je ne veux pas mourir…

— Le peuple non plus. Il est à la recherche des deux Témoins.

— Ils ne les tiennent pas responsables de ce phénomène astronomique, au moins ?

— Non. Les gens espèrent qu’ils les protégeront.

— Si nous faisions la même chose ?

Ils commencèrent par suivre la marée humaine qui remontait la rue. Beaucoup de personnes pleuraient, d’autres priaient. Elles demandaient à Dieu pourquoi il les mettait ainsi à l’épreuve. La ville était en grande partie détruite et la nourriture commençait à manquer. On finissait à peine d’enterrer les morts qu’on annonçait un autre fléau.

— C’est mentionné dans l’Apocalypse, se souvint alors Cindy.

Thierry fouilla dans la mémoire de Silvère qui avait lu un grand nombre de textes sacrés.

— Une étoile nommé Absinthe…

— Oui, c’est ça !

— Elle tombera sur la Terre et empoisonnera les fleuves et les rivières, ajouta Thierry.

— Et peu importe où elle frappera, le choc sera ressenti partout…

— Peut-être pas. L’Apocalypse dit que seul un tiers du monde sera touché.

— Il ne faut pas que ce soit ici.

Thierry questionna les gens qui les entouraient pour savoir où ils se rendaient.

— Nous allons dans la bonne direction, confirma-t-il à Cindy.

Ils sortirent de la ville et arrivèrent au pied d’une colline où s’étaient rassemblés des milliers de fidèles. Des flambeaux plantés sur le flanc éclairaient deux hommes vêtus comme au temps de Jésus.

— Ils sont là, se réjouit Cindy.

Képhas leva les bras vers le ciel et le silence se fit dans l’assemblée.

— Je sais pourquoi vous êtes ici, dit-il.

Sans qu’il utilise le moindre micro, sa voix porta jusqu’aux derniers auditeurs.

— Pourquoi parle-t-il français à toutes ces personnes qui ne comprennent pas cette langue ? s’étonna Cindy.

— Moi, je l’entends en italien, précisa Thierry.

— Et moi, en hébreu, fit un jeune homme qui portait de petites lunettes rondes. Cela fait partie des pouvoirs que leur a accordés Dieu et prouve qu’ils sont vraiment ses Témoins.

Les gens s’installèrent sur le sol, devinant qu’ils passeraient toute la nuit à cet endroit. Cindy ne fut pas fâchée de reposer un peu ses jambes. Assis en tailleur, Thierry se tenait encore très droit. « Comment fait-il pour être toujours frais et dispos, même après des kilomètres de marche ? » se demanda-t-elle.

— Les prophètes vous ont pourtant annoncé tous ces événements, poursuivit Képhas d’une voix calme. Pourquoi êtes-vous surpris ?

— Depuis combien de temps n’avez-vous pas mangé ? leur demanda Yahuda.

Le son de sa voix réchauffa le cœur de Cindy « J’aurais dû rester avec lui, au lieu de suivre Cael », se reprocha-t-elle. Une pluie de petits pains blancs se mit à tomber sur eux comme de la douce grêle. Une grande clameur s’éleva de la foule qui remerciait les apôtres. Ceux-ci attendirent qu’elle se soit rassasiée avant de lui parler.

— Pour l’eau, ce sera un peu plus compliqué, leur dit Képhas, mais rien n’est impossible à Dieu.

Les fidèles poussèrent des cris de stupeur lorsque sortirent de terre devant chacun d’eux des cratères d’argent. Cindy toucha le sien du bout du doigt pour s’assurer qu’elle n’était pas victime d’une hallucination, tandis que Thierry tenait déjà sa coupe dans la main.

— Mais comment… s’étrangla-t-il, plongé dans une douce béatitude.

Ses yeux se remplirent de larmes de joie alors que pour la première fois de sa vie, il avait la preuve qu’une puissance supérieure veillait sur les êtres vivants et même sur le Naga qu’il était. L’eau se mit à monter dans les précieux récipients, comme si on la pompait à partir du sol. Beaucoup de gens, dont Cindy, regardèrent sous leurs coupes, mais il n’y avait rien.

Les Témoins laissèrent les croyants boire à satiété. Chaque fois qu’ils vidaient les cratères, ils se remplissaient de nouveau.

— Peut-être préféreriez-vous du vin, suggéra Yahuda.

L’eau dans les coupes tourna au rouge, arrachant un cri d’admiration à la foule.

— Souvenez-vous des paroles de Jeshua, continua-t-il. Quiconque boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. Cette eau deviendra en lui une source qui jaillira en vie éternelle.

— Nous ne faisons pas ces miracles pour vous jeter de la poudre aux yeux, expliqua Képhas. Nous voulons seulement vous prouver que Dieu entend vos prières. Vous lui avez demandé pardon pour toutes vos fautes et il vous a entendus. Il vous protégera aussi longtemps que vous croirez en lui.

— Au milieu de toutes vos épreuves, la Bête surgira, mais vous ne devrez pas accepter sa marque. Fuyez plutôt que vous soumettre à la volonté de Satan. Nous ne pouvons pas repousser les souffrances que se sont attirées les humains. Nous pouvons seulement vous recommander de garder la foi.

— Bientôt, la terre tremblera une fois de plus, mais ailleurs ce sera plus terrible encore. Remerciez le ciel d’être rassemblés ici où sa main vous protège.

L’assemblée se mit spontanément à prier. Cindy se laissa bercer par les voix apaisantes des fidèles tout en observant Yahuda, qui se tenait aussi droit que Képhas. Il ne ressentait donc plus la honte de la mauvaise réputation que lui avait fabriquée l’Église. Il était et avait toujours été le confident de Jeshua et s’il l’avait trahi, jadis, c’était à la demande de ce dernier.

Puisqu’ils n’avaient plus de foyers, les croyants dormirent à la belle étoile, serrés les uns contre les autres. Il n’y avait pas que des chrétiens parmi eux, mais aussi des gens de toutes les religions qui avaient enfin compris qu’il n’existait qu’un seul Dieu, peu importe le nom qu’on lui donnait.

Lorsqu’elle se réveilla, le lendemain, Cindy s’aperçut que Thierry était parti. Elle scruta la multitude sans le voir nulle part. Il n’était pas non plus au sommet du mont avec les Témoins qu’il connaissait pourtant très bien. « Il m’a laissée », fut-elle forcée de constater. Elle lui avait si souvent répété qu’elle pouvait se débrouiller sans lui qu’il l’avait finalement crue, Cindy se rappela alors les paroles de Cael. On ne devait jamais mentir aux autres, même par orgueil. Elle regretta soudain de ne pas avoir avoué au Naga qu’elle était morte de peur à l’idée de se retrouver seule dans ce pays où aurait lieu la plus grande bataille de tous les temps.

Dissimulant son katana sous son manteau, elle versa le vin sur le sol en espérant que sa coupe se remplisse plutôt d’eau. Son vœu fut aussitôt exaucé et elle se désaltéra avant d’entreprendre l’ascension de la colline, entre tous ces gens qui dormaient encore. Elle glissa le cratère dans sa ceinture et se mit à grimper. Quand elle arriva enfin à la hauteur des Témoins, Yahuda la reconnut, bien qu’elle ne portait plus de rose. Il alla à sa rencontre et lui prit les mains.

— Tu as beaucoup vieilli, remarqua-t-il.

— Est-ce un compliment ou une critique ?

— Je parlais de ton âme.

— Oh…

Il l’emmena à l’écart et aperçut son arme tandis qu’elle s’assoyait.

— Celui qui vit par l’épée périra par l’épée, Cindy.

— C’est seulement pour me défendre.

— Cherches-tu ton salut, comme tous ces gens ?

— Je suis arrivée à Jérusalem avec Thierry Morin. Puisque tout le monde quittait la ville, nous avons suivi la foule. C’était très beau, ce que Yannick et toi nous avez dit hier soir.

— De tous ceux qui sont ici, celle pour qui je m’inquiète le plus, c’est toi, car tu n’as pas encore appris à vivre selon tes propres convictions. Tu es comme une feuille d’arbre qui change d’opinion selon la direction du vent Aujourd’hui, tu dis avoir la foi, mais demain pourras-tu prétendre la même chose ?

— C’est vrai que je suis comme une girouette, admit-elle.

— Tu dois apprendre à penser par toi-même.

— On m’a déjà donné ce conseil, mais c’est plus facile à dire qu’à faire…

— Es-tu venue vers moi pour que je te transporte dans un autre pays ?

Cindy aurait bien aimé rejoindre Cael, mais elle ne pouvait pas le demander à son ancien amant.

— Avec ce que j’ai appris hier au sujet de l’astéroïde, je ne sais pas vraiment où aller.

— Montréal est suffisamment loin de la côte pour éviter le pire.

— Y a-t-il autant de destruction qu’ici ?

— Le tremblement de terre a fait des dégâts le long du fleuve, mais très peu ailleurs.

La jeune femme se mordit les lèvres avec hésitation.

— Je ne te dirai pas quoi faire, Cindy, mais si tu es revenue ici pour être avec moi, tu perds ton temps. C’est au ciel que nous nous retrouverons. Ma mission doit passer avant toi. Quant à Cael, le moment est presque arrivé pour lui de commencer la sienne.

Il savait donc qu’elle pensait encore à lui… Cindy se demandait où aller. Après ce qu’elle avait fait à son frère, elle avait bien trop honte pour frapper à sa porte en quête d’un asile. Océane se trouvait quelque part à Jérusalem, elle aussi, mais la laisserait-on s’approcher de l’homme politique le plus important de l’heure ? Yannick, qui l’avait déjà hébergée, était en train de méditer un peu plus loin. Tout comme Océlus, il avait une tâche à accomplir. La nouvelle base de Montréal serait-elle disposée à la recueillir jusqu’à ce que le danger soit passé ?

— Je ne sais plus vers qui me tourner… avoua-t-elle.

— Et tu sais pourquoi ?

— Parce que j’ai agi en égoïste ?

— Tu as pris tout ce que les autres pouvaient te donner, puis tu les as tous quittés sans te préoccuper de la peine que tu leur causais. C’est pour cette raison que tu n’es pas partie avec les autres, lors du Ravissement.

— Que dois-je faire pour me faire pardonner, O ?

— Faire amende honorable à ceux que tu as offensés.

— Alors, je vais commencer par toi. Je m’excuse sincèrement pour tout le mal que je t’ai fait.

Yahuda l’attira dans ses bras et la serra avec affection.

— Je te pardonne. Maintenant, que décides-tu ?

— C’est certain que j’aimerais rester avec vous, mais je crois que je serai davantage en sécurité à Montréal. Peut-être pourrais-je aussi demander à Cédric de me reprendre comme agente ?

— C’est une très bonne idée, approuva Yahuda en la repoussant gentiment. Pour trouver sa véritable place dans la vie, il faut questionner son cœur. Il sait souvent mieux que nous ce qui nous convient le mieux.

Gardant ses mains dans les siennes, il la transporta dans l’Ether et se matérialisa avec elle dans la salle de Formation, à Longueuil. Il l’embrassa sur les lèvres, lui sourit et disparut avant qu’elle tente de le retenir. Cindy pivota lentement sur elle-même, ressentant un immense réconfort de se retrouver dans une base de l’ANGE. « Ma première idée, c’était de devenir agente », se rappela-t-elle. « Peut-être que c’est ici que j’aurais dû rester, »

Océane venait de quitter le Dortoir pour aller se chercher un café lorsqu’elle s’arrêta net devant la femme basanée, aux cheveux attachés sur la nuque, vêtue d’une tunique beige et d’un long manteau brun et qui portait un sabre à la ceinture.

— Cindy ? s’étonna-t-elle.

— Océane ?

— Es-tu devenue un Jedi ?

— Quoi ?

— C’est quoi, ces vêtements ?

— Oh ! Il a fallu nous habiller en caravaniers pour passer inaperçus dans le désert.

— En tout cas, ici, tu produis plutôt l’effet contraire. Je suis vraiment contente de te revoir.

Les deux amies s’étreignirent, provoquant un nuage de poussière au milieu de la salle.

— Je pense que tu as besoin de prendre une douche, toi, constata Océane.

— J’en rêve depuis des jours !

— Viens, je vais te donner tout ce qu’il faut.

Elle l’entraîna vers le couloir duquel elle était sortie.

— Pourquoi portes-tu une arme ?

— Parce que je suis une Naga, évidemment.

— Quoi ?

Cindy lui raconta son aventure, jusqu’à ce qu’Océane finisse par la pousser dans la salle de bains.

 

Absinthium
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